Accompagnement 2019-2021 par Césaré, Centre National de Création Musicale

Charles Neubach bénéficie de l’accompagnement de Césaré CNCM/Reims dans le cadre du dispositif Soutien aux Emergences Arts Visuels financé par la Région Grand Est au titre des saisons 2019-2020 et 2020-2021 pour son projet « Analogie*_Corpus ».

Le projet accompagné s’intitule Analogie*_Corpus, qui est un corpus d’oeuvres multimédia.

Il est composé de trois dispositifs : Immersion, Espace Déporté, et Mono corde. Ces trois dispositifs, à des niveaux différents, sont actuellement en cours de recherche – création et diffusion.

Espace déporté a été créé et présenté en 2020 en partenariat avec Saintex, culture numérique, et La Fileuse, friche artistique de la Ville de Reims via une résidence de 3 mois entre février et septembre. Cela a donné lieu à la création « Espace Déporté#1 » présenté pour l’occasion au sous sol de La Fileuse, pour les Journées Européennes du Patrimoine. Des photos et vidéos seront prochainement diffusées pour relater la résidence et la création présentée.

Immersion et Mono Corde sont actuellement en cours de production.

Ces trois dispositifs défendent haut et fort une proposition d’immersion dans un univers poétique, abstrait, et hypnotique. L’idée est de proposer au regardeur, un espace et un temps suspendu en dehors du monde. Pour s’en extraire et ainsi lui proposer un voyage immobile au sein d’une création contemporaine multimédia de Charles Neubach. Espace, son, lumière, brouillard, sont des outils de base pour créer souvent in situ une oeuvre personnelle et sensible pensée pour emporter les gens vers leur propre mémoire, leur doute, leur questionnements propre. Expérience sensorielle individuelle, émotion temporelle, synesthésie et transe immobile sont les leitmotive de l’artiste.

Crédit Agathe Dufort
Crédit : Agathe Dufort

Espace Déporté#1, texte de présentation pour les Journées Européennes du Patrimoine 2020.

Disons-le d’emblée, Espace Déporté #1 de Charles Neubach n’est pas tout à fait une oeuvre. Il s’agit de la matérialisation d’un outil, certes complexe et imposant, mais qui reste avant tout un outil prenant aujourd’hui la forme d’une installation. 

En 2019, Charles Neubach a mis en place un projet pluriel appelé Analogie*_Corpus. L’artiste le résume simplement : « un projet d’oeuvres multimédia prenant la forme d’installations utilisant le son, la lumière et la fumée au sein d’un espace. » 

Pour ce projet, l’artiste avait besoin d’un outil tout terrain, réunissant des lumières, des enceintes, des consoles de mixage, qu’il pourrait transporter à sa guise et installer dans n’importe quel lieu afin de créer in situ une oeuvre faite de sons et de lumières. Tous les objets techniques présents (ampoules, boîtes, câbles, enceintes …) ont nécessité 9 mois de travail. Dans cette période se trouve également toute la conception des samples, l’écriture de lignes de jeu prédéfinies, l’adéquation numérique entre une ampoule et une enceinte spécifique, etc… Au final, l’artiste s’est construit un outil qui lui obéit au doigt et à l’oeil, qui lui permet derrière sa machine, tel un magicien, de contrôler en direct des impulses de lumières ou de sons. Telle ampoule brille à telle intensité pendant tant de secondes, à l’instar de la peinture sur un pinceau que l’artiste peut choisir d’écraser, de prolonger ou d’arrêter brusquement. 

Mais pour quelle finalité ? Quelque chose d’impressionnant, qui miroite et qui brille ? Pas seulement. Nous sommes à l’inverse de beaucoup de « spectacles » sons et 

lumières qui prennent un lieu, un support ou une surface comme prétexte, arrivant à faire oublier aux visiteurs qu’ils sont dans une forêt ou dans un bâtiment historique. 

Charles Neubach est à l’opposé de ces démarches. Tout d’abord pour lui la technique peut rester visible dans son entier. Les câbles, les enceintes, les boitiers, ici tout est vu, le matériel ne disparaît pas, il fait partie de l’oeuvre. Ensuite, il choisit de poser son dispositif de manière à redessiner, à souligner une géométrie spatiale existante au moyen d’une autre double-géométrie, sa trame de sons et de lumières. Il s’ensuit que le lieu révèle des souvenirs, ceux des spectateurs qui, grâce à l’environnement construit, projettent sur l’espace une nouvelle couche d’images et de sons, les leurs. 

L’espace de la Forge de la Fileuse apparaît alors, tour à tour, comme un décor de film d’épouvante (personnellement ce serait la scène de la recherche du chat dans Alien le 8e passager de Ridley Scott), comme l’intérieur d’un vaisseau blanc immaculé tel celui de 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Ces réminiscences de films viennent sans doute essentiellement de la disposition frontale de l’installation. On est comme devant un écran. La Forge rappelle aussi des parkings sombres, des rave-party, on imagine le bruit des machines de cette ancienne usine, on comprend l’angoisse de ceux qui cherchent refuge à la cave pour survivre aux bombes, on est dans une grotte préhistorique, un monde intra-utérin, ou encore au coin d’un feu de bois. Et si les sensations apparaissent si nettement à l’esprit du visiteur, c’est bien parce que l’oeuvre lui transmet un peu de la principale qualité d’un artiste, sa liberté. 

Auteur : Elsa Bezaury, septembre 2020